Créativité & pleine conscience : premiers pas vers un autre management possible
22 janvier 2017
Cap sur la créativité
Les visionnaires le savent : l’année 2017 et les prochaines ouvrent une nouvelle ère dans le monde du travail où les qualités reconnues, recherchées et appréciées dans l’entreprise, seront centrées autour de la créativité. Le manager ne pourra pas y échapper ni tenter de s’en départir, il lui faut lui-même se réinventer et devenir inspirant pour son entourage. Comment réinventer son mode de management sans avoir l’impression de céder à une tendance tout en restant en accord avec ses valeurs ?
Qu’est-ce que la créativité ?
Cédric Villani a tout bon une fois de plus. Ce mathématicien hors pair, médaille Fields en 2010, définit la créativité dans une interview du 3 janvier 2017 accordée au journal Le Monde : « La créativité est la capacité à intégrer beaucoup d’éléments émanant de son entourage, de discussions… C’est une affaire d’environnement, d’interaction avec les autres. En recherche, c’est quelque chose que l’on connaît bien. Le directeur de thèse doit transmettre à son élève la capacité à trouver une solution à laquelle personne n’a pensé. Comment transmettre cette disposition ? Je me souviens d’un conseil que donne Bartabas, le célèbre écuyer, réputé pour sa très grande créativité : Moi je n’arrive à transmettre que deux choses, l’énergie et le doute ».
La créativité serait la manifestation d’une capacité et le résultat d’un climat particulier.
La qualité de la présence, fondement de la créativité
La question tombe immédiate et tranchante : Comment parvenir à être créatif, à transmettre cette capacité voire cette disposition ? La réponse est dans un entre-deux radical, dans la présence-absence. Pour être créatif, il importe d’être pleinement présent dans notre environnement nous qui sommes plus que jamais reliés à tout, sollicités en permanence, parasités continûment par nos notifications et nos mails. Mais il importe aussi d’être capable de rester complètement poreux aux énergies extérieures pour capter les changements, les impressions, les idées. « La créativité c’est juste relier les choses entre elles » rappelait Steeve Jobs avec justesse. Il nous suggère que nous pouvons devenir créatifs en nous efforçant de tisser des liens entre ce qui est différent, éloigné et disparate. Cela nécessite une grande disponibilité d’esprit et une agilité mentale infaillible.
C’est bien la qualité de notre présence qui est en cause. Or, aujourd’hui, à l’heure du digital, nous sommes plus que jamais reliés au monde entier et dans le même temps très souvent déconnectés de notre environnement immédiat ce qui nous place dans un entre-deux souvent douloureux. Nous passons plusieurs heures par jour sur nos écrans et suivons les tendances sans même prendre le temps de respirer, de nous retrouver, de sentir nos émotions et celles des autres. Comment nous réconcilier avec nous-mêmes ?
Une étude anthropologique de A. Piette établit une typologie pour distinguer les différentes formes de présence dans le monde des êtres vivants. Ainsi les grands singes se caractérisent par leur présence sur le « mode majeur ». Ils sont présents à chacune de leurs actions, ils épousent toutes leurs sensations immédiates et restent concentrés sur leur tâche -même s’ils ne le paraissent pas toujours. A l’inverse, les êtres humains vivent sur le « mode mineur » c’est à dire qu’ils sont capables de se laisser déconcentrer, de se disperser facilement. Ce n’est pas une critique- A. Piette y voit une explication de notre évolution- mais un constat ! Comment revenir à la pleine conscience, à une présence qualitative pour soi et pour l’autre ?
Connaissez-vous le « mindfulness » ?
Les fléaux du burn-out, du stress, de la démobilisation, de la souffrance au travail, du manque de reconnaissance rendent difficile l’instauration d’un climat de confiance et de sérénité. Pourtant, l’apaisement est possible. C’est ce que tentent de mettre en place les temps de méditation de pleine conscience. Connue outre atlantique sous le nom de « mindfulness », cette pratique ne relève pas d’une pratique sectaire, ni d’une démarche religieuse. Elle est l’expression d’un besoin pour chacun d’entre nous –a fortiori pour le manager d’aujourd’hui qui se doit de cultiver sa pleine conscience, son ouverture d’esprit et sa spiritualité.
Dans la méditation de pleine conscience, l’objectif est de se rapprocher d’une « conscience sans objet ». L’esprit n’est alors pas engagé dans une activité mentale volontaire. L’observation et la concentration sont simplement maintenues et affinées. Elles conduisent à développer et à tester au quotidien un outil de régulation attentionnelle et émotionnelle, au-delà de toute forme de croyance. On pense souvent que la méditation est un peu comme la relaxation ou la sophrologie. En réalité, dans la méditation de pleine conscience, on cherche à intensifier sa conscience et son recul envers ses expériences intimes. On observe ses émotions sans chercher à les retenir ou à les nier. Il s’agit d’offrir un « espace mental » à ses émotions négatives, de les réguler en leur permettant d’exister et de s’exprimer.
Inspirer / Expirer : prenez l’air, ça dépoussière !
Chaque jour, un temps de méditation de 5 à 30 minutes permet de clarifier ses pensées, de réguler ses émotions, de faire de la place et de réapprendre à se focaliser durablement sur l’essentiel. Une pratique régulière donne des résultats surprenants dans bien des domaines : la communication se trouve facilitée, l’écoute devient véritable et le dialogue n’est plus unilatéral. Le changement devient une possibilité envisageable car l’environnement extérieur est pris en compte, les attentes sont entendues, ses propres émotions et celles des autres résonnent particulièrement, l’énergie est retrouvée et canalisée.
Le « manager mindfulness » devient un modèle d’humanité et de tolérance. Son rayonnement favorise l’engagement des équipes, sa bienveillance inspire confiance, son attitude positive crée un climat propice aux échanges et à l’épanouissement de la créativité.
Et si votre résolution devenait une révolution avec le « mindfulness » ?
Pour aller plus loin :
– Un article de Vincent Avanzi : http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/management/pleine-conscience-10-pistes-pour-devenir-un-leader-eclaire-en-2017-303350.php#inscription
– Un ouvrage passionnant : PIETTE Albert, L’Acte d’exister. Une phénoménographie de la présence. Marchienne-au-Pont, Socrate Editions Promarex, 2009.
– Une émission RCF avec le psychiatre Christophe André : https://www.youtube.com/watch?v=MyFKJ0KsiQw.
– Séances de méditation avec la voix de Christophe André : https://www.youtube.com/watch?v=fuDXc1Hr9UE.