Réussir par l’intelligence émotionnelle
11 octobre 2021
Selon le Forum économique mondial de Davos (2020), l’intelligence émotionnelle fait désormais partie des dix compétences clés pour réussir. Si la notion de « réussite » est une construction sociale et qu’elle diffère d’un individu à un autre, elle est aussi un sentiment, une impression immédiate de satisfaction et de plaisir accessible pour chacun.e. Or, le sentiment est bien une composante de l’émotion, qu’on peut résumer à la réaction immédiate à l’environnement. Quant à l’intelligence émotionnelle, elle est un ensemble d’aptitudes émotionnelles et sociales qui établissent la façon dont nous nous percevons et nous exprimons, dont nous développons et maintenons des relations sociales, dont nous agissons dans la difficulté, dont nous utilisons les informations émotionnelles de façon efficace. De ce point de vue, elle est un facteur déterminant de réussite dans la vie professionnelle et personnelle. Si bon nombre de dirigeant.e.s semblent se méfier de la présence de l’émotion dans l’entreprise, à l’inverse, plusieurs d’entre eux reconnaissent que les qualités du leader sont intimement liées à cette intelligence émotionnelle. Alors, au bout du compte, qui croire ? Quels sont les liens qu’entretiennent intelligence émotionnelle et leadership ? Depuis plus d’un an nous vivons des situations inédites à répétition. Elles nous obligent à nous adapter car les réponses ne sont pas unanimes et simples. Les réponses viennent souvent du collectif comme du singulier, du « terrain » comme de la direction. Comme pour les révolutions technologiques ou pour la lutte contre le réchauffement climatique, il n’y a pas un manuel à lire et des solutions toutes faites à appliquer mais à inventer, à changer, à s’adapter. On parle de crise, de changement, de monde d’avant mais en réalité, la rupture n’est pas si franche. Il reste toujours des habitudes auxquelles on s’accroche, des repères qui rassurent ou des comportements qu’on ne supporte plus. C’est cet inventaire qu’il est temps de réaliser pour faire le tri de ce qu’on garde, de ce qu’on arrête, de ce qu’on veut mettre en place. Faire des choix clairs, redéfinir les valeurs communes dans une atmosphère bienveillante est une manière de redémarrer sur des bases solides et surtout en conscience.
Les résultats d’une enquête de terrain
Lors d’une étude conduite par la MHS (multi-Health Systems), 220 leaders ont rempli un questionnaire et ont procédé ainsi à une évaluation du leadership visant à mesurer leur efficience dans quatre domaines ;
– authenticité
Un leader authentique peut se définir comme un modèle de référence sur le plan éthique, sur le plan de son comportement exemplaire envers chacun. Sa transparence suscite le respect, l’estime et la confiance des collaborateurs.
– encadrement
Un leader qui a la capacité d’encadrer ou de manager ses collaborateurs est perçu comme un mentor qui cherche à faire grandir chacun.
– perspective
Un leader visionnaire propose à ses collaborateurs un but et une vision de l’avenir qui poussent à se dépasser. Le leader est alors inspirant.
– innovation
Le leader capable d’innovation stimule l’ingéniosité de ses collègues, il favorise l’autonomie dans la réflexion, il crée les conditions de leur créativité et d’une prise de risques toujours mesurée. Les crises sont perçues comme des opportunités.
Les leaders interviewés occupaient des postes de direction importants et parfois étaient des managers plus tournés vers l’opérationnel. La plupart d’entre eux exerçaient leurs activités dans de grandes entreprises de plus de quatre cent employés. Les résultats de cette étude ont mis en évidence que la moyenne de ce panel de leaders en intelligence émotionnelle était de quatorze points supérieure à celle du reste de la population.
« Se bouger pour faire bouger les lignes »
A une époque où les attentes des recruteurs et des managers se résument à adaptation, résolution de problème, gestion du stress, prise en compte de la complexité, les compétences émotionnelles apparaissent comme décisives. Cette montée en compétences sur des aspects inquantifiables passe par une meilleure connaissance de soi. Exprimer ses émotions, les identifier, les comprendre, avoir de l’amour propre, être capable de s’affirmer, être indépendant dans ces choix, créer des relations équilibrées et satisfaisantes, contrôler ses impulsions… Nous nous sommes tous demandés si nous étions « performants » dans la gestion de nos émotions. Pourtant, il s’agit moins de performance et d’évaluation que d’équilibre et de prise de conscience. Si je suis très empathique et peu indépendant dans mes choix, ne dois-je pas craindre la dépendance affective, ou l’oubli de moi ? A l’inverse, si je suis très indépendant et très peu empathique, ne dois-je pas craindre l’autoritarisme froid ? Il n’y a certes, pas de scenario idéal mais seulement la nécessité de réduire ces décalages tout en restant conscients de nos spécificités.
La gestion du capital émotionnel est un défi du XXIe siècle dans un monde complexe, plus que jamais changeant, instable. Mais le chaos, nous le savons avec Nietzsche « il faut encore (le) porter en soi, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante » (Ainsi parlait Zarathoustra, 1885).